Le premier observatoire océanique du monde

01/12/2010

A plus de deux kilomètres de profondeur dans les eaux sombres de l’océan Pacifique et à 300 km des côtes de l’île de Vancouver, l’observatoire câblé océanique le plus grand et le plus sophistiqué du monde vient d’être mis en service.

L’équipe chargée de la mise en route est rentrée à Esquimalt (municipalité dans le sud de l’île) il y a quelques jours à bord du vaisseau T.G. Thompson, après 4 semaines passées en mer. La majeure partie du voyage s’est déroulé dans la région volcanique de Endeavour Ridge, où l’équipe a installé deux câbles de six kilomètres et 29 instruments sur le plancher océanique, et les a reliés au réseau de NEPTUNE Canada. Un travail à haute-pression dans un environnement hostile est la recette d’un désastre, mais nous avons traversé les tempêtes, les pannes, et les attentes interminables grâce à notre motivation. Nous avions le sentiment de participer à une aventure exceptionnelle dit le Dr. Mairi BEST, directeur adjoint pour la science de NEPTUNE, et un des chefs d’expédition.

NEPTUNE est géré par Ocean Networks Canada pour le compte d’un consortium dirigé par l’Université de Victoria, Colombie Britannique. A l’image de sa sœur côtière, VENUS, il est le pionnier d’une nouvelle génération de système d’observation marine qui, utilisant notamment Internet, produit un suivi continu des processus et des événements océaniques sur le long terme, et en temps réel.
L’observatoire entier (qui a pour caractéristique une boucle de 800km de câbles de fibres optiques, ainsi que 5 sites-clé scientifiques nœuds de communication et d’alimentation) a mis 10 ans à voir le jour, de l’élaboration des plans au développement et à l’installation. ROPOS, un système de véhicule opéré à distance par le Canadian Scientific Submersible Facility basé à Sidney (BC), a été un élément clé pour l’équipe d’installation.

Endeavour Ridge a été le site d’installation où les défis ont été les plus nombreux. ROPOS a voyagé lentement sur son tracé, en surveillant et étudiant le fond marin avec un sonar haute-résolution, avant le dépôt de plusieurs kilomètres de câbles à travers une chaîne de montagnes sous-marines criblée de gouffres profonds, des rochers escarpés et d’éruptions hydrothermales. Pour les endroits les plus délicats, nous nous pressions autour des moniteurs de la salle d’opération pour regarder le flux vidéo en direct explique le Dr Lucie Pautet, directrice associée de NEPTUNE Canada (ingénierie) et autre co-directeur de l’expédition. Cela a été éprouvant pour les nerfs et exaltant à la fois.
Lorsque des réparations ou des ajustements étaient nécessaires, l’équipe devait improviser très rapidement. Comme les missions dans l’espace, ces tâches doivent être accomplies en utilisant uniquement les ressources et le personnel à bord, aidé par des collègues à terre, avec qui ils sont en communication permanente, dit Best.

Pendant les 25 prochaines années, NEPTUNE Canada amassera plus de 60 téraoctets de données scientifiques (équivalent de près de 60 millions de livres) par an sur les processus biologiques, physiques, chimiques et géologiques dans l’océan Pacifique. Ces données auront des applications stratégiques dans les domaines du changement climatique, de l’atténuation des risques (tremblements de terre et tsunamis), de la pollution des océans, de la sécurité portuaire et maritime, du développement des ressources, de la souveraineté et de la sécurité, et de la gestion des océans.

Le développement de NEPTUNE Canada a été financé par plus de 100 millions de dollars du gouvernement du Canada à travers la FCI (Canada Foundation for Innovation), le Natural Sciences and Engineering Research Council et CANARI (Canada’s Advanced Research and Innovation Network), et le gouvernement de la Colombie-Britannique à travers le British Columbia Knowledge Development Fund.

Source : BE Canada numéro 374 (2/11/2010) – Ambassade de France au Canada / ADIT –
http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/64936.htm