Une équipe de scientifiques internationale impliquant des chercheurs français et anglais propose de nouvelles méthodes pour estimer et surveiller l’acidité des océans depuis l’espace. Leurs résultats ont été publiés dans la revue internationale Journal of Environmental Science and Technology.
Les satellites vont jouer un rôle de plus en plus important dans la surveillance de l’acidification des océans, en particulier dans les eaux éloignées et souvent dangereuses comme l’Arctique explique Jamie Shutler de l’Université d’Exeter qui a dirigé l’étude.
Il est à la fois difficile et coûteux de réaliser des mesures sur le terrain tout au long de l’année dans des endroits inaccessibles. Nous développons ces techniques innovantes pour surveiller de vastes zones des océans. Cela nous permet d’identifier rapidement et facilement les zones les plus concernées par l’acidification croissante précise t-il.
Jusqu’à présent, les mesures de température, mais surtout de salinité, données essentielles pour déterminer l’acidité, étaient réalisées grâce à des instruments in situ et pendant des campanes en mer souligne Nicolas Reul, chercheur au Laboratoire d’Océanographie Spatiale du Centre Ifremer Bretagne et l’un des auteurs de l’étude.
L’approche traditionnelle limite donc l’échantillonnage à de petites zones de l’océan. La surveillance par satellite est par conséquent cruciale pour obtenir une vision globale des océans, souligne Nicolas Reul.
La méthodologie proposée par cette équipe internationale utilise l’ensemble des technologies instrumentales embarquées sur différents satellites pour mesurer des données géophysiques essentielles, comme la température de l’océan à l’aide de caméras thermiques notamment ainsi que la salinité grâce aux capteurs à micro-ondes de grande longueur d’onde.
Un certain nombre de satellites existants peuvent être utilisés pour ce faire, notamment la mission SMOS (Soil Moisture and Ocean Salinity) de l’Agence Spatiale Européenne lancée en 2009 et la mission Aquarious de la NASA lancée en 2011, qui permettent de mieux évaluer la salinité de surface et les variations de l’acidité.
Chaque année, plus d’un quart des émissions mondiales de dioxyde de carbone issues de la combustion de matières fossiles et de la production de ciment se retrouvent dans les océans. Ce processus rend l’eau de mer plus acide et menace une partie de la biodiversité marine.
Au cours du prochain siècle, l’augmentation des émissions de dioxyde de carbone et l’acidité croissante de l’eau de mer risquent de fragiliser davantage les écosystèmes marins, d’où la nécessité de pouvoir suivre attentivement l’évolution de l’acidité des océans.