La 1ère carte de haute résolution du fond de l’océan aux Açores

03/08/2006

Au mois d’avril dernier, l’Ifremer a réalisé la campagne océanographique « Marche » dans la région des Açores avec pour objectif de recueillir les données de quatre hydrophones autonomes, installés à 1.000 mètres de profondeur, au dessus de la dorsale médio-atlantique. L’analyse des données par trois laboratoires (France, Portugal et Etats-Unis) est en cours et devrait permettre d’améliorer les connaissances de l’activité sismique de cette région du globe.
L’intérêt de cette campagne, et des précédentes, réside dans le fait que l’activité sismique de la dorsale est plus difficilement observable depuis les continents européen et américain, où seuls les séismes de magnitude supérieure à 5 sont détectables.
D’autre part, la campagne « Marche » a également permis de réaliser une cartographie de haute résolution du fond de l’océan Atlantique aux Açores, dans un domaine de 100 km par 100 km au-dessus des îles volcaniques São Jorge et Pico. Fruit d’une collaboration franco-portugaise (des scientifiques des universités de Lisbonne, d’Evora et d’Algarve sont montés à bord du navire Le Suroit), ce travail est l’aboutissement de près de dix années de tentatives. En utilisant un sondeur multi-faisceaux, les scientifiques franco-portugais sont parvenus à obtenir une cartographie rigoureuse de la zone supposée accueillir le point triple, point de rencontre entre les plaques tectoniques américaine, africaine et eurasiatique. Selon Joaquim Luis, géophysicien de l’Université d’Algarve et responsable du second leg de la campagne « Marche », cette cartographie permet de mettre en avant de nouvelles structures dans le fond de l’océan, jusqu’à ce jour non identifiées. Le scientifique portugais fait également référence à des failles géologiques avec des orientations étonnantes. L’analyse de cette carte permettra peut-être, à moyen terme, de confirmer la localisation précise du point triple et de mieux identifier la frontière entre les plaques eurasienne et africaine de cette région des Açores.
Ces dernières années, la dorsale médio-atlantique a été l’objet de nombreuses études tant sur le plan de la biodiversité que sur celui de l’activité sismique. La participation d’équipes portugaises aux campagnes annuelles de l’Ifremer témoigne d’une coopération bien établie entre la France et le Portugal dans ce domaine scientifique. Ainsi, deux autres campagnes sont prévues au mois d’août 2006. La première, baptisée « Graviluck », s’intéressera à l’étude de la croûte océanique dans une zone située au sud des Açores, où les plaques Amérique et Afrique/Europe s’éloignent à raison de 3 centimètres par an. La deuxième campagne, « Momareto », permettra de tester des nouveaux outils spécialement conçus pour étudier la faune et la flore de ces grands fonds. En effet, autour de l’eau brûlante et toxique qui remonte de ces failles, des écosystèmes très riches, adaptés à ces conditions extrêmes, se sont développés. L’Ifremer utilisera pour cette campagne ses deux plus gros navires, l’Atalante, associé au sous-marin Nautile pour « Graviluck », et le Pourquoi Pas ?, accompagné du robot sous-marin Victor 6000 pour « Momareto ».

Source : BE Portugal n° 18 du 03/08/2006
http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/38670.htm