Géo-ingénierie : éviter les ouragans en refroidissant les océans

15/01/2013

Après le récent rejet de sulfate de fer dans l’océan pour lutter contre le réchauffement climatique, l’actualité dans le domaine de la géo-ingéniérie se tourne à nouveau vers les océans………………………………………………………………………………………………………………………………………………………

Selon deux ingénieurs anglais (Stephen Salter and Nathan Myhrvold), l’ouragan Sandy aurait pu être évité en refroidissant la surface de l’océan Atlantique. Ils avaient déjà défendu cette idée auprès du gouvernement américain à la suite de l’ouragan Katrina en 2007. Leur projet a été breveté avec l’entreprise américaine Intellectual Ventures soutenue par Bill Gates.

L’idée est assez simple : il s’agit de refroidir la surface des océans pour éviter que la température à laquelle risquent de se former des ouragans (26.5° C) ne soit atteinte, dans les hurricane alleys, régions de l’océan Atlantiques où les ouragans les plus dangereux se forment. Le projet consiste à attacher des milliers de vieux pneus ensemble pour soutenir des tubes en plastique (de 100 à 300 mètres de long et de 100 à 200 mètres de large).L’action des vagues fait ensuite plonger les eaux chaudes de surface qui se mélangent aux eaux plus profondes et se refroidissent. Cette « pompe naturelle » serait, selon S. Salter, à la fois écologique et économique.

Si S. Salter estime que 150 à 450 « pompes » seraient nécessaires et recherche activement un financement, d’autres scientifiques, dont Bill Smyth, océanographe à l’Université de l’Oregon, sont assez sceptiques sur le processus, estimant que les cent premiers mètres de l’océan sont déjà assez homogènes et que, pour réellement avoir un effet, il faudrait mettre en place un nombre de pompes trop important que l’installation soit réalisable. A cela s’ajoutent des problèmes liés aux courants de surface, très importants dans ces zones, qui risqueraient de faire basculer le tube.

Ce projet soulève également des craintes liées aux conséquences sur l’environnement et les écosystèmes. Selon les défenseurs du projet, la « pompe naturelle » ainsi installée permettrait d’augmenter la productivité biologique de l’océan (en mélangeant les eaux profondes riches en nutriments avec les eaux de surface, plus pauvres en nutriments). Ceci étant, d’autres scientifiques, dont R. Letelier, océanographe et microbiologiste à l’Université de l’Oregon souligne les dangers de la prolifération du plancton et le risque de déséquilibres de la chaîne alimentaire.

Par ailleurs, le CO2 est plus soluble dans les eaux profondes. Mélanger les eaux profondes et les eaux de surface risquerait d’entraîner un transfert de dioxyde de carbone de l’océan vers l’atmosphère.

De nombreuses recherches et d’importants financements seront donc encore nécessaires avant de pouvoir réellement imaginer d’empêcher la formation des ouragans les plus destructeurs.

BE Etats-Unis numéro 308 (12/11/2012) – Ambassade de France aux Etats-Unis / ADIT – http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/71387.htm

Illustration du Salter Sink © carsconvey