Feu vert donné à la plus grande usine de dessalement de l’hémisphère nord

27/05/2009

Mercredi 13 mai 2009, aux Etats-Unis le conseil régional de San Diego (responsable de la qualité de l’eau) s’est prononcé à l’unanimité en faveur du projet Poseidon consistant en la construction d’une usine de dessalement de grande capacité. Ce vote, ayant pour objectif de statuer sur l’impact environnemental du projet, met ainsi un terme à six années de procédures réglementaires. La construction de l’usine devrait démarrer fin 2009 pour une ouverture prévue en 2012.

La future usine prévoit le dessalement de 190.000 m3 d’eau par jour, soit le double de la capacité des usines actuellement opérationnelles sur le territoire américain (usine de dessalement de Tampa en Floride). Cette infrastructure permettra d’alimenter plus de 110.000 foyers et de subvenir à 10% des besoins en eau potable de la circonscription de San Diego, recensant prés de 3 millions d’habitants. Malgré les nombreuses objections dont ont fait part les associations de protection de la nature (qui ont engagé 3 procès au cours de ces 6 dernières années), l’utilisation de la technique de dessalement, consistant à extraire de l’eau douce à partir de l’eau de mer, n’est hélas plus une question de choix pour la Californie comme l’a affirmé le gouverneur Arnold Schwarzenegger. Ce dernier rappelle la vulnérabilité des aquifères de la région, fragilisés par des périodes de sécheresse de plus en plus intense.

Située en région côtière, l’usine sera couplée à la centrale électrique de Carlsbad, ville située au nord de San Diego et à 90 km au sud de Los Angeles. Poseidon utilisera en partie l’eau de mer pompée par la centrale électrique pour le refroidissement des circuits. A cette quantité, s’ajoutera le prélèvement quotidien de 400.000 m3 d’eau de mer. Sur l’ensemble des volumes prélevés, la moitié sera filtrée pour être distribuée aux consommateurs et l’autre moitié sera retournée à l’océan sous forme de rejet à forte concentration saline.

Ce projet a fait l’objet de nombreuses critiques en raison des coûts de construction (320 millions de dollars) et de fonctionnement ainsi que de son impact sur l’environnement côtier. Si les coûts d’installation ont largement diminué en raison d’avancées technologiques dans les procédés de filtration, Poséidon estime le prix de revient de l’eau à 0,79 $/m3, soit un tiers de plus que le prix obtenu par des procédés classiques de traitement (0,58 $/m3). Dans le cas de ce projet, la différence de prix devrait faire l’objet d’une subvention par la compagnie de distribution d’eau potable « Metropolitan Water District ». Il n’en reste pas moins que l’usine de dessalement fonctionnant avec le procédé de filtration dit « d’osmose inverse » nécessitera des quantités importantes d’énergie, soulevant la question de l’impact d’une telle usine sur l’environnement. En effet, si l’énergie nécessaire au fonctionnement de l’installation est obtenue à partir d’énergie fossile, l’empreinte carbone pourrait rayer d’un trait les autres avantages environnementaux obtenus.

A cet impact sur le changement climatique, s’ajoute celui des rejets issus de la filtration qui présentent une forte concentration en sel. Selon plusieurs associations de protection de la nature, ces rejets seraient susceptibles de fragiliser les habitats en milieu côtier et d’accroître la mortalité des espèces maritimes (larves, oeufs de poissons…). C’est sur ces aspects que le conseil de San Diego s’est prononcé mercredi dernier. Au-delà de veiller au respect des seuils de toxicité imposés par la loi du « Clean Water Act », l’usine devra mettre en place une zone humide de superficie égale à 22,4 hectares dédiée à la pisciculture dont l’objectif sera de compenser la mortalité induite par les rejets salins.

Source : BE Etats-Unis numéro 166 (22/05/2009) – Ambassade de France aux Etats-Unis / ADIT
http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/59218.htm-