Etats-Unis : vers une gestion durable de leurs zones maritimes

08/07/2009

Vendredi 12 juin 2009, le Président Barack Obama a annoncé la création d’un nouveau comité afin d’élaborer une réglementation à l’échelle fédérale des zones maritimes américaines. Contrairement à la politique actuelle visant à se focaliser sur quelques ressources clés telles que les stocks de poissons, le président souhaite favoriser une approche globale, basée sur le concept d’écosystème et tenant compte de l’océan dans son ensemble. Cette nouvelle politique, reposant sur la définition d’un certain nombre de quotas et sur la délimitation de zones océaniques distinctes, permettrait ainsi d’éviter toute surexploitation des ressources marines, tout en conservant la croissance économique des pêcheries.

Incluant les grands lacs, les espaces côtiers et les océans, cette stratégie a pour objectif de mettre en place une gestion durable des zones océaniques, notamment dans le but de minimiser les impacts du changement climatique (acidification de l’océan, risque de zone morte…). Le président souhaite par ailleurs conserver la croissance économique associée aux activités de pêche, lesquelles contribuent à hauteur de 27 milliards de dollars au PIB (Produit Intérieur Brut) du pays (données du « National Marine Fisheries Service »).

Globalement, l’océan joue un rôle primordial dans l’économie américaine, 75% de la croissance économique provenant d’activités implantées en milieu côtier. Selon Judith Kildow, directrice du « National Ocean Economic Program » (financé par un partenariat universités – instituts gouvernementaux), la croissance économique du pays dépend directement de l’état de préservation des océans, ceux-ci générant chaque année plus de 138 milliards de dollars et 2,3 millions d’emplois (données de 2004- ne tenant pas compte de l’ensemble des secteurs) .

Présentée au public sous la forme d’un mémorandum, la déclaration du Président impose la création d’un comité d’experts visant à centraliser les efforts menés au sein des différentes agences gouvernementales. En effet, les réglementations actuelles des zones maritimes aux Etats-Unis dépendent d’une vingtaine d’agences fédérales et reposent sur plus d’une centaine de lois différentes. Ce nouveau comité, dirigé par Nancy Sutley en charge du « Council for Environmental Quality » à la Maison Blanche disposera d’une période de 90 jours pour émettre des recommandations visant à élaborer une stratégie nationale de préservation des écosystèmes aquatiques qui devra être rendue publique dans les 180 jours suivant l’annonce du mémorandum.

La réglementation finale devrait déboucher sur un zonage de l’océan permettant d’intégrer les intérêts de chaque industrie (pêche, extraction d’énergies fossiles, développement des énergies renouvelables, réserves naturelles..).
Testée actuellement sur certaines zones océaniques (12 projets en cours aux Etats-Unis) cette stratégie appelée « Catch Share » vise à déterminer des quotas calculés en fonction de chaque espèce (en anglais, « ITQ – Individual Transferable Quota »). Les « ITQ » définissent (à partir de variables scientifiques et bio-économiques) une quantité maximale de poissons pouvant entre péchés dans les différentes zones. Chaque pécheur dispose alors d’un certain pourcentage du quota, transférable d’un propriétaire à l’autre et valable pour deux ans. Cette stratégie permet ainsi de tenir compte des fluctuations naturelles inhérentes au milieu marin et d’éviter toute surexploitation des ressources marines. Afin de mettre en place cette stratégie à grande échelle, la NOAA (National Oceanic and Atmospheric Administration) prévoit une enveloppe 18,4 millions de dollars dans sa demande de budget pour l’année 2010.

Source : BE Etats-Unis numéro 171 (26/06/2009) – Ambassade de France aux Etats-Unis / ADIT
http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/59732.htm