Une équipe internationale de chercheurs dirigée par Walter Salzburger et Zuzana Musilova de l’Université de Bâle (Suisse) a identifié un système visuel chez les poissons des abysses qui leur permettrait de discerner les prédateurs et les proies dans les conditions de faible luminosité rencontrées au fond de l’Océan.
En analysant 101 génomes de poissons, l’équipe a découvert que certaines espèces vivant à plus de 200 mètres de profondeur, portaient des gènes supplémentaires de la rhodopsine qui permettent aux cellules souches de la rétine de détecter la lumière.
Quatre espèces des abysses en particulier possèdent au moins 5 gènes supplémentaires : la lanterne glaciaire Benthosema glaciale avec 5 gènes; Stylephorus chordatus avec 6 gènes; la dirette aile longue Diretmoides pauciradiatus avec 18 gènes. Avec 38 gènes de la rhodopsine, la dirette argentée, Diretmus argenteus, serait d’ailleurs le vertébré possédant de loin le plus grand nombre de gènes de photopigmentation.
Les poissons abyssaux dotés de cette forme de vision très sensible pourraient discerner certaines longueurs d’onde de couleur à des profondeurs atteignant 1 000 mètres là où la lumière est pratiquement inexistante.
En d’autres termes, ces poissons détecteraient une large gamme de couleurs et seraient particulièrement sensibles à la lumière verte et bleue.
La chercheuse Zuzana Musilova, auteure de l’étude, a déclaré :
« Nous pensons qu’ils peuvent détecter plus de nuances de bleu et de vert que nous. »
Or, le fait d’avoir des yeux très sensibles peut être utile pour détecter les signaux bioluminescents émis par les proies, les prédateurs ou même des membres de leur propre espèce.
Cette étude montre notamment la capacité d’évolution et d’adaptation des poissons dans les grandes profondeurs marines.
L’étude est parue dans la revue Science le 10 mai 2019