Des fumeurs noirs de la dorsale océanique atlantique rejettent une eau à 464°C

14/08/2008

Des géologues allemands ont découvert l’eau liquide la plus chaude jamais trouvée sur le globe terrestre : sa température s’élève à 464 degrés Celsius.

Les chercheurs de Brême et de Kiel ont effectué cette mesure à 3 000 mètres de profondeur, au niveau de la dorsale océanique. A l’endroit de la découverte se situent deux cheminées, appelées fumeurs noirs, qui rejettent cette eau chaude. Dans des conditions « normales », l’eau se vaporise à 100°C. Mais, à cette profondeur, la pression atteint environ 298 bar, soit presque 300 fois la pression à la surface terrestre. « C’est de l’eau, mais pas telle que nous la connaissons », commente Andrea Koschinsky, géochimiste à l’Université Jacob de Brême. Le liquide chaud se trouve dans un état supercritique, généré par la combinaison de fortes températures et de fortes pressions. Ses phases liquide et gazeuse se mélangent. L’eau est plus lourde que de la vapeur mais, en même temps, plus légère que l’eau salée environnante, si bien qu’elle jaillit à grande vitesse vers le haut.
Les deux fumeurs noirs, baptisés Two Boats et Sister Peaks, ont été découvert il y a trois ans, au cours d’une expédition en Atlantique. L’équipe de chercheurs est revenue sur ce lieu en 2006 et 2007 pour étudier ces cheminées plus en détail. Les deux fumeurs pourraient être relativement récents, c’est-à-dire qu’ils seraient entrés en activité après un tremblement de terre ayant eu lieu en 2002. Les scientifiques supposent que la source de chaleur est une bulle de magma. Etant donné que les couches de roche au niveau de la dorsale, géologiquement active, sont très fines et se régénèrent constamment, un contact entre eau et magma est possible.

En plus de cette eau extrêmement chaude, les fumeurs noirs rejettent de nombreux minéraux : de l’or, du cuivre, du fer, du manganèse et du soufre qui se détachent de la roche-mère. Pour A. Koschinsky, environ la moitié du manganèse localisé sur les fonds océaniques trouverait son origine au niveau de ces volcans sous-marins. Une exploitation économique de ces gisements est toutefois difficilement envisageable, en raison de la profondeur et des fortes températures. En revanche, de nombreux organismes vivants ont su s’adapter à la profondeur et exploiter ces ressources minérales pour produire de l’énergie.

Source : BE Allemagne numéro 398 (13/08/2008) – Ambassade de France en Allemagne / ADIT –
http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/55667.htm