Des bactéries zombies au fond des océans

30/09/2013
Miriam Katz (Rensselaer Polytechnic Institute) et Christian Sommerfield (Bremen University) prélève un échantillon dans une carotte de sédiments © MARUM/IODP

Les scientifiques du Programme international de forages océaniques (IODP) ont annoncé leurs résultats lors de la conférence Goldschmidt qui s’est tenu à Florence, en Italie du 25 au 30 août dernier et a réuni plus de 4 000 géochimistes.

Ainsi, Fumio Inagaki de l’Institut océanographique japonais JAMSTEC a rapporté l’existence dans les sédiments marins de microbes dans des concentrations très faibles – de l’ordre de 1 000 microbes dans une « cuillère à thé » de sédiments – alors qu’à la surface de la Terre on en compte, pour une même quantité, des milliards ou des billions.

Ces bactéries se reproduisent uniquement une fois tous les 10 000 ans et vivent, parfois depuis 100 millions d’années, dans des sédiments à 2,5 kilomètres de profondeur sous les océans.

Ces découvertes soulèvent des questions sur la façon dont la vie persiste dans ces conditions extrêmes.

Outre les organismes unicellulaires simples (procaryotes) trouvés dans les roches profondes, Tim Engelhardt de l’Université d’Oldenburg, en Allemagne, a montré que les virus sont encore plus abondants (10 virus pour 1 microbe), ce ratio augmentant avec la profondeur.

La chercheuse américaine Beth Orcutt (Bigelow Laboratory for Ocean Sciences, Maine) explique : Un des plus grands mystères de la vie dans les fonds marins est de comprendre comment les microbes peuvent y vivre avec aussi peu d’énergie et comment ils grandissent aussi lentement.

Les bactéries métabolisent à un rythme tellement lent que certains se demandent même si elles sont en vie.

Beth Orcutt ajoute : Nous nous demandons même si nous pouvons dire que ces cellules sont vivantes alors qu’elles ne se dédoublent que tous les 10 000 ans ? Elles sont presque comme des « zombies ».

Bien que ces organismes soient très lents et peu actifs, les chercheurs pensent que ces microbes modifient la chimie de la roche en profondeur, en utilisant le carbone. Ils pourraient ainsi avoir un impact sur le cycle du carbone et les rejets de dioxyde de carbone dans l’atmosphère notamment.

Source : http://www.bbc.co.uk/news/science-environment-23855436