Bataille au fond de l’océan Arctique

16/08/2007

Le 24 juillet dernier, une équipe russe composée de députés et de scientifiques se rendait à bord de deux navires de recherche dans l’Océan Arctique. Ils ont plongé, le 2 août, à bord du sous-marin scientifique Mir-1 à la profondeur de 4 261 mètres. Grâce au bras mécanique de Mir-1, ils ont pu planter au fond un drapeau russe. Un message a par ailleurs été déposé pour les générations futures. Au-delà de sa portée scientifique (échantillons du fond marin et d’eau), l’expédition a pour objet de montrer les prétentions du pays sur la zone glaciaire, qui pourrait être riche en pétrole et en gaz. Les russes affirment ainsi qu’une partie des fonds sous-marins passant par le pôle Nord, connue sous le nom de dorsale Lomonossov (chaîne de montagne sous-marine qui s’étend du Groenland à la Sibérie), sont une extension géologique de la Sibérie.
Cette zone est également convoitée par le Canada, le Danemark, les Etats-Unis et la Norvège.
Une expédition danoise composée de 45 chercheurs est actuellement en route pour l’Arctique. Objectif: cartographier les fonds marins au nord du Groenland. Leurs résultats pourraient permettre au Danemark de prouver que la dorsale de Lomonossov est une extension du Groenland et revendiquer ainsi des droits sur cette région. Le Groenland est, en effet, un Etat autonome dépendant du Danemark. Le Canada a de son côté annoncé un renforcement de sa présence dans l’Arctique, au niveau du passage du Nord-Ouest, avec entre autre la création d’un port à Nanisivik, au nord de l’île de Baffin et d’un centre d’entraînement militaire à Resolute Bay, sur l’île Cornwallis. Les américains ont également lancé une 3ème campagne de cartographie destinée à déterminer quelle partie de la région peut être considérée comme territoire américain. Elle débutera le 17 août avec pour objectif de faire le relevé des fonds sous-marins du cap Chukchi.
Le pôle Nord, au centre d’un océan, ne peut être revendiqué par aucun Etat. Cependant, le droit international accorde aux pays ayant des territoires en bordure de l’océan Arctique une zone de souveraineté de 200 nautiques pour la zone économique exclusive (ZEE). La notion de plateau continental permet d’étendre la ZEE à 350 nautiques (au maximum). Dans cette zone, l’Etat peut exercer des droits exclusifs d’exploration et d’exploitation des ressources naturelles. Cependant, il doit respecter les prérogatives des autres Etats qui peuvent jouir des libertés de haute mer (liberté de navigation, pose de câbles sous-marins…). Au-delà de la ZEE et du plateau continental, commence la haute mer : une zone qu’aucun pays ne peut revendiquer. Les contentieux proviennent essentiellement du statut à accorder aux détroits (passage du nord-ouest) ou de zones susceptibles d’être riches en hydrocarbures (mer de Beaufort entre le Canada et les Etats-Unis, mer de Barents entre la Norvège et la Russie…).
Selon la Convention des Nations-Unies sur le droit de la mer, tout pays peut soumettre une demande d’extension de sa zone de souveraineté, à condition de présenter, dans les dix ans suivant la ratification du traité, des preuves scientifiques que le sous-sol marin convoité constitue une prolongation de son plateau continental. Il est donc essentiel pour les différents protagonistes de prouver qu’une partie des fonds sous-marins passant par le pôle Nord est une extension géologique de leur territoire.

Source : La Cité de la Mer
http://www.institut-polaire.fr/ipev/