Avec l’Atlantic Action Plan, l’Irlande au diapason de la stratégie européenne sur la recherche marine

10/05/2013

Les objectifs principaux de la stratégie européenne pour le bassin atlantique, tels qu’affichés, sont l’emploi et la croissance. Les industries identifiées comme présentant le meilleur potentiel de développement de ce point de vue sont l’aquaculture, les énergies marines et le tourisme côtier. La préservation de l’environnement, les liens recherche/industrie et la gestion de l’information et de la connaissance ont été parmi les sujets les plus abordés lors de l’Atlantic Forum Workshop à Cork. L’Irlande se présente comme un acteur clé de cette stratégie, en avance par rapport aux pays voisins, et dont la direction prise au niveau national pour ce qui concerne la recherche marine fait écho aux grandes orientations de la proposition de la Commission pour le bassin atlantique.

Les 4 et 5 mars se réunissaient à Cork les acteurs de l’économie maritime des États membres ayant un lien direct avec le bassin atlantique : Espagne, Irlande, France, Portugal, Pays-Bas, Royaume-Uni. Le document qui a servi de base aux discussions est « A Draft Marine Research Plan for the Atlantic Sea Basin » rédigé par le Marine Institute et le Marine Board-ESF. Etaient présents des chercheurs, des directeurs de laboratoires ou d’instituts de recherche, des industriels, des start-up, des investisseurs, des représentants de la Commission européenne et le ministre irlandais de l’Agriculture, de l’Alimentation et des Affaires Maritimes, Simon Coveney. La première journée a porté sur la croissance bleue, la réduction de l’empreinte carbone de l’Europe, l’exploitation durable des ressources du plancher océanique, la mise en place de la gestion en écosystème et enfin les besoins pour répondre aux menaces et aux urgences en mer.

De ces discussions, il ressort que :
– La stratégie proposée dans le document est bien reçue par l’ensemble des acteurs.
– Les actions mises en place par les gouvernements nationaux vont dans le bon sens, la stratégie pour le bassin atlantique se propose simplement de créer des synergies entre les États membres.
– Une dizaine d’intervenants reconnait l’intérêt et encourage la création de pôles de compétitivité, pour rapprocher les chercheurs et les industriels.
– Une étape de transfert de technologie pourrait être intégrée à tous les projets européens.
– 12 intervenants ont noté la grande quantité de données accumulée et cumulables sur le milieu marin et souhaitent que l’analyse de ces données et les technologies informatiques associées (développement d’algorithmes de traitement, de logiciels, capacité de stockage des machines) fassent l’objet d’un soutien accru des États et de la Commission. Ils ont pointé du doigt la difficulté de donner du sens et de valoriser l’information recueillie.
– Ces 2 derniers points peuvent aussi être vus comme une reconnaissance de l’importance de la production d’information, de sa diffusion et de sa distribution la plus large. C’est pourquoi tous ont aussi plaidé pour la mise en place de bases de données communes et partagées à l’image de ce que le Geological Survey of Ireland, parmi d’autres, a mis en place pour ses cartographies des fonds marins irlandais.
– Près de 10 intervenants ont soulevé le problème du manque de mesures pour la préservation et la compréhension des écosystèmes marins dans la stratégie discutée.
– 2 intervenants ont rappelé qu’investir dans les sciences et la technologie ne devait pas être nécessairement un gage de réussite et qu’il fallait prendre des risques pour susciter des innovations de rupture et non plus des innovations incrémentales. La pensée créative doit faire partie des recherches pour inventer des scénarios décrivant une ère sans énergies fossiles. Ils ont plaidé pour que cette réflexion commence le plus tôt possible, introduisant la nécessité d’une vision à long terme dans la discussion.
– Enfin, les synergies possibles entre les États membres doivent être encouragées. Cela signifie mettre en commun une partie de la flotte océanographique de chacun, construire des bases de données communes en ligne, partager des laboratoires, en somme, mutualiser ce qui peut l’être pour répartir les coûts liés à ces infrastructures.

En conclusion, les points importants soulevés au cours des présentations comme des discussions qui suivirent sont la distribution et l’accès à l’information et à la connaissance, une meilleure intégration des différents organismes de recherche pour mettre en commun les ressources, le besoin de faire de la préservation de l’environnement, un enjeu au même titre que l’emploi et la croissance, enfin, associer au maximum le secteur privé aux travaux et faciliter ses relations avec la communauté académique soit en constituant des pôles de compétitivité soit en promouvant le transfert de technologie. Enfin, il faudrait tenter de construire une vision à long terme du secteur pour prendre la mesure des enjeux dont l’échelle de temps nous dépasse.

Source : BE Irlande numéro 48 (12/03/2013) – Ambassade de France en Irlande / ADIT – http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/72512.htm