La Gare Maritime de Cherbourg

La Cité de la Mer est à la fois chantier de réhabilitation, de rénovation et de construction autour d’un bâtiment unique en Europe, fleuron de l’Art déco : l’ancienne Gare Maritime de Cherbourg. En créant La Cité de la Mer, la Communauté Urbaine de Cherbourg travaille aujourd’hui dans la continuité de l’héritage historique de Cherbourg. Le concours d’architecte lancé en 1996 visait à la création d’un  » musée naval  » dans les bâtiments de la Gare Maritime de Cherbourg, tout en préservant l’architecture originale du lieu. Le projet fut adopté en 1997, et le premier coup de pioche donné en 1999. La Cité de la Mer a ouvert ses portes le 29 avril 2002.

« Notre Dame des Queens »

Cherbourg bénéficie d’une situation géographique exceptionnelle, au carrefour de la Manche, à la pointe du Cotentin. Le port est facile d’accès, de jour comme de nuit, grâce à la plus grande rade artificielle imaginée par Vauban. S’étendant sur plus de 1500 ha, les digues protègent les navires des vents et de la houle.

Si la Royal Mail et la Hamburg Amerika Line (devenue en 1914 la plus grande compagnie maritime mondiale) sont présentes depuis 1869, Cherbourg séduit également, dès 1900, les compagnies transatlantiques anglaises (Cunard Line, White Star Line), américaines (America Line, United States Line), canadiennes (Canadian Pacific), et aussi grecques, danoises.

Les lignes desservent New York, ainsi que Montréal, Québec et Rio de Janeiro. La ville de Cherbourg connaît ainsi au début du siècle une croissance exponentielle, s’imposant comme port régulier de liaisons vers l’Amérique. Les silhouettes de l’Olympic, du Bremen, du Queen Elizabeth ou du Queen Mary sont alors familières aux cherbourgeois.

A la première gare en bois succède une gare en briques, elle-même devenant rapidement trop petite pour accueillir le flux d’émigrants. Les candidats à l’émigration pour le nouveau monde sont en effet innombrables, venant de France et de toute l’Europe, de Turquie, de Russie, fuyant la misère et la faim, des familles entières sont attirées par les territoires vierges du continent américain. Des centaines de milliers de migrants embarquent ainsi à Cherbourg vers l’Amérique du nord et l’Amérique du sud. Ces passagers de 3e classe assurent la prospérité pour les compagnies maritimes transatlantiques, qui multiplient les lignes et investissent dans des paquebots de plus en plus rapides et imposants.

Au début du 20e siècle, il n’est pas rare de voir 7 ou 8 escales par jour, pouvant représenter à chaque fois près de 1500 passagers !

A cette époque, le port n’étant pas assez équipé pour l’accostage des navires, ce sont des navires transbordeurs, tel le Nomadic, qui emmènent les passagers pour rejoindre les paquebots mouillés en rade. Le 10 avril 1912, le Nomadic embarque 281 passagers sur le Titanic, amarré dans la rade de Cherbourg.

Au milieu des années 1920, le président de la Chambre de Commerce de Cherbourg Camille-Théodore Quoniam, et l’ingénieur Paul Minard décident de doter Cherbourg d’un grand bassin, d’un port de commerce et d’une Gare Maritime Transatlantique adaptée aux flux des voyageurs.

Cette fois, la nouvelle gare sera de taille. Inaugurée le 30 juillet 1933 par le président de la République Albert Lebrun, la Gare Maritime Transatlantique est saluée comme la plus belle du monde par la presse nationale et internationale de l’époque. Il est vrai que l’édifice est imposant, représentant à l’époque l’une des plus vastes constructions françaises !

La Gare Maritime est un modèle d’organisation logistique avant la seconde guerre mondiale. D’une longueur de 280 m et d’une largeur de 100 m, elle abrite un hall des trains et un hall transatlantique.

Côté transatlantique, deux paquebots peuvent s’amarrer simultanément sur le nouveau quai de France. Ce môle de 620 m de long gagné sur la mer dans les années 20,  forme un port en eau profonde d’accostage facile à toute heure de la marée.

Côté ferroviaire, jusqu’à sept trains par jour dans les deux sens, plaçaient Cherbourg à 3h15 de Paris-St-Lazare. C’est ainsi qu’une heure après l’arrivée d’un paquebot, les passagers de première classe repartaient directement en train vers les principales capitales européennes !

Les bâtiments, dominés par onze tours et un campanile de 67 m de haut, accueillent de grands salons illuminés de lumière par de grandes verrières et claustras. Inspiré par le Salon International des Arts décoratifs et Industriels Modernes de 1925, l’architecte René Levavasseur renonce à la surcharge ornementale pour adopter l’élégance et la géométrie rigoureuse du style Art déco.

La décoration intérieure est confiée à Marc Simon, qui réalise, peu après,  l’aménagement intérieur du paquebot Normandie. Lambris en bois exotiques, mosaïques et luminaires font ainsi honneur aux plus grands paquebots de l’époque.

Dans les pas des stars…

Dans les années 1960, il n’était pas rare de croiser des journalistes en attente sur le quai de France, cherchant le scoop. Guettant les stars célèbres ayant embarqué sur les paquebots, ils se précipitaient pour annoncer la nouvelle.

Les cherbourgeois se souviennent de ces passagers de première classe, qui entretiennent alors l’actualité « jet set » : Cary Grant, Spencer Tracy, Dwight Eisenhower, Duke Ellington, Elizabeth Taylor et Richard Burton, Salvador Dali, Rita Hayworth, Grégory Peck, Joséphine Baker, Salvador Dali, Fernandel ou encore Luis Mariano..

En pleine période de chasse aux sorcières aux USA, Charlie Chaplin, à son arrivée dans la Gare Maritime Transatlantique, tiendra sa première conférence de presse hors des Etats-Unis…

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La Gare Maritime dans les années 30La Salle des bagagesDétail de la salle des bagagesLa salle des Pas PerdusDétail de la Salle des Pas PerdusLa façade sud de la Gare Maritime Transatlantique, sur laquelle figure une photographie de Monsieur Jean-Marie Lezec