Méditerranée : une histoire de tsunami

22/06/2013

Une équipe de scientifiques italiens, dirigée par Alina Polonia de l’Institut des sciences marines du Conseil national des recherches (Ismar-Cnr), a identifié au large des côtes siciliennes, les traces d’un important tsunami, qui a eu lieu en Méditerranée il y a environ 1 600 ans. L’étude, publiée dans la revue du groupe Nature, Scientific Reports, s’est intéressée à une zone sédimentaire marine composée de dépôts grossiers charriés par les courants de densité et atteignant jusqu’à 25 mètres d’épaisseur.

« Le dépôt est connu sous le nom de « mégaturbidité Augias » et occupe une grande partie de la Méditerranée orientale », explique Alina Polonia. « Plusieurs hypothèses ont été émises pour comprendre son origine; parmi celles-ci, la plus probable serait l’explosion du volcan Thera à Santorin vers 1627-1600 avant notre ère, et qui a mis un terme à la civilisation minoenne. D’après les études de notre équipe, cet énorme dépôt sédimentaire serait en fait la conséquence d’un tsunami généré par un puissant tremblement de terre en Crète d’une magnitude comprise entre 8 et 8,5 sur l’échelle de Richter ».

Les chercheurs sont arrivés à ces conclusions en analysant de nombreuses données géophysiques et géologiques, « telles que des images acoustiques à haute résolution du dépôt sédimentaire et des carottes sédimentaires extraites à près de 4000 mètres de profondeur ». Cette découverte a été possible grâce à la grande précision avec laquelle l’âge des dépôts et leur provenance ont été déterminés. « L’effet conjugué d’un tremblement de terre et d’une vague de tsunami peut en effet charrier une grande quantité de sédiments, provenant de toutes les zones côtières touchées, et déposée par la suite à l’endroit le plus profond du bassin ».

Cette théorie est confirmée par le témoignage du romain Ammiano Marcellino (330-397 av. J.-C.) selon lequel des vagues immenses ont pénétré les terres faisant des milliers de victimes près de la ville d’Alexandrie, à 700 kilomètres de l’épicentre. Les chercheurs ont également découvert des traces d’événements similaires ayant eu lieu auparavant, ce qui suppose que le tremblement de terre de l’an 365 av. J.-C. n’ait pas été l’unique en Méditerranée. « Les analyses radiométriques nous permettent de déterminer une période d’occurrence de 15 000 ans », assure Alina Polonia.

Source : BE Italie numéro 113 (8/04/2013) – Ambassade de France en Italie / ADIT – http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/72739.htm