L’homme est responsable de la présence de 54 gigatonnes de dioxyde de carbone dans l’Atlantique

08/07/2009

La quantité de carbone anthropogénique (qui est causé ou généré par l’homme) présent dans l’océan Atlantique s’élève à 54 gigatonnes (1 gigatonne = 1 milliard de tonnes) et non pas 47 comme on le pensait jusque là, soit une sous-estimation de 13%. Telle est la conclusion d’une étude internationale (Espagne, France, USA et Norvège) codirigée par des chercheurs espagnols du CSIC, Fiz Fernández Pérez et Aida Fernándes Rios, de l’Instituto de Investigaciones Marinas de Vigo. Elle est en fait le résultat de l’analyse des données amassées lors de cinq campagnes en mer différentes qui ont eu lieu entre 1995 et 2003.

L’ensemble de ce travail fait partie d’une mission générale, appelée CARBOOCEAN, qui a pour but d’évaluer de façon précise les sources et taux de dioxyde de carbone dans les océans. Concrètement, les scientifiques ont mesuré les taux de dioxyde de carbone dissous, mais aussi le taux de nutriments, la salinité, la température, l’alcalinité et les quantités de chlorofluorocarbures, ce qui leur permet de faire la part du carbone anthropogénique de celui produit par la nature. Le but de cette étude est de diminuer les incertitudes actuelles sur la quantification des flux annuels de dioxyde de carbone entre l’atmosphère et l’océan depuis 1800, date qui marque le début de la révolution industrielle. Et les conclusions sont effrayantes : depuis 200 ans, ce ne sont pas moins de 147 gigatonnes de dioxyde de carbone anthropogénique qui se sont retrouvées dans l’océan Atlantique…

Le dioxyde de carbone d’origine humaine est essentiellement issu de l’utilisation des combustibles fossiles, de la déforestation et de l’activité industrielle. Rien qu’à elles-trois, ces sources sont responsables de la production annuelle de 2 gigatonnes de dioxyde de carbone depuis 30 ans. Cette pollution, particulièrement prononcée dans les couches supérieures de l’océan, nuit énormément à la vie marine : elle acidifie les eaux, menace les larves de mollusques, empêche la formation des coquilles et carapaces et altère la photosynthèse des algues.

Cette étude est très importante car, au-delà du simple constat désolant, elle permet également d’estimer les taux de carbone que l’océan peut encore emmagasiner, mais aussi « d’évaluer combien nous devrions diminuer les émissions de dioxyde de carbone pour réduire l’impact anthropique afin qu’il ne se produise pas d’effet irréversible non désiré », comme conclut Marco Vázquez, l’un des chercheurs espagnols participant à l’expédition et premier auteur de l’article paru dans Biogeosciences.

Source : Espagne numéro 83 (29/06/2009) – Ambassade de France en Espagne / ADIT
http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/59747.htm