Les gènes des huîtres pour détecter la pollution marine en moins de 24 heures

08/03/2005

Lorsque des métaux lourds, comme le mercure, contaminent une rivière ou une mer, il s’écoule en général plusieurs mois avant que l’on puisse détecter le polluant chez les animaux marins.
Des chercheurs de l’UFRJ (Université Fédérale de Rio de Janeiro) ont mis au point une nouvelle technique utilisant les modifications génétiques des animaux pour réduire cet intervalle à moins de 24 heures. Cette nouvelle méthode capable de surprendre la pollution, permet également d’en mesurer les effets explique le professeur Mauro de Freitas Rebelo, chercheur à l’Institut de Biophysique Carlos Chagas Filho de l’UFRJ. C’est dans ce sens, que son équipe étudie les désordres physiologiques des huîtres causés par les déjections chimiques dans la baie de Sepetiba près de Rio de Janeiro. La détection ne se fait pas à l’aide de la modification directe de la chaîne d’ADN mais grâce à l’analyse du niveau d’activité des gènes (on dit d’un gène qu’il est actif lorsque il entraîne la production de protéines). Cela est beaucoup plus simple qu’il n’y paraît, car les cellules produisent des molécules qui signalent l’activité ou non d’un gène. Ce sont les molécules d’ARN messager. Elles font le lien entre les instructions codifiées de l’ADN et les protéines sécrétées par la cellule. Ainsi, plus on détecte la présence d’ARN messager, plus le gène est actif.
Dans le cas des recherches menées à l’UFRJ, les gènes étudiés sont ceux qui produisent les protéines du groupe des métallothionéines. Leur nom est indigeste mais leur fonction est primordial : ces protéines tentent de sauver l’organisme lorsqu’il est contaminé par la présence de métaux lourds. « Ces protéines s’attachent aux métaux et les empêchent d’affecter les fonctions essentielles de la cellule » précise le professeur Mauro de Freitas Rebelo. Une activité génétique importante des gènes produisant ces métallothionéines est un signal certain que les gènes travaillent trop et que l’environnement est donc pollué. Les chercheurs ont vérifié leur théorie avec succès chez les huîtres de la baie de Sepetiba. Le groupe de recherche étudie en outre les réservoirs d’eau potable de Rio de Janeiro, la baie de Madeira en Amazonie. Ce travail compte avec la collaboration d’une équipe de la Fondation Oswaldo Cruz (Fiocruz) coordonnée par Milton Moraes.

Source : BE Brésil numéro 52
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