Le déclin dramatique des coraux des Caraïbes peut-être inversé

21/07/2014
Coraux / Récifs de corail © La Cité de la Mer - Sylvain Guichard

La majorité des récifs coralliens des Caraïbes pourraient disparaître d’ici 20 ans, en raison, entre autres, de la disparition des poissons-perroquets, principaux mangeurs d’algues qui envahissent puis étouffent les coraux.

Depuis les années 1970, la surface occupée par les coraux dans les Caraïbes a été plus que divisée par deux.

C’est ce qu’expliquent les experts du Réseau Global sur le Suivi des Récifs dans leur rapport intitulé: Etat et Tendances des Récifs Coralliens des Caraïbes: 1970-2012.

Ce rapport documente, pour la première fois, les tendances de l’état de santé des récifs coralliens de manière quantitative, en se fondant sur des données collectées au cours des 43 années précédentes dans toute la Grande Région Caraïbe.

Les résultats de cette étude démontrent clairement que :

  •   La bonne santé des récifs coralliens nécessite un équilibre écologique entre coraux et algues, au sein duquel l’herbivorie (les espèces mangeuses d’algues) est un élément clé ;
  •  Les populations de poissons-perroquets sont une composante critique de cette herbivorie, particulièrement depuis le déclin des oursins Diadema au début des années 1980 ;
  • Les causes principales de la mortalité des poissons-perroquets sont l’utilisation de techniques de pêches telles que le fusil sous-marin et, en particulier, la pêche au casier ou à la nasse.

Le rapport identifie en outre que la surpêche des espèces herbivores, particulièrement le poisson-perroquet, a été jusqu’à présent l’un des facteurs principaux du déclin des récifs Caribéens, concluant ainsi que des mesures de gestion aux niveaux national et local peuvent avoir un effet positif direct sur leur santé maintenant et pour les années à venir.

Dans certaines zones de la région Caraïbe (par exemple les Bermudes et le Parc Terrestre et Marin des Bancs de sable Exuma dans les Bahamas, et plus récemment au Belize et à Bonaire), des mesures, telles que l’interdiction des casiers, ont conduit à une augmentation du nombre de poissons-perroquets et a une amélioration conséquente de la santé des récifs et de leur résistance aux perturbations, y compris celles provoqués par les ouragans.

Ceci contraste avec d’autres régions des Caraïbes, où certains récifs fortement exploités peinent à se remettre des dégâts occasionnés par ceux-ci.

Des récifs en bonne santé ont démontré avoir des retombées positives sur les économies locales, fournissant entre autres la possibilité de moyens de subsistance alternatifs à la pêche grâce à l’augmentation des recettes du tourisme et du nombre de poissons; et la restauration de services tels que la protection côtière.

En conséquence, l’Initiative Internationale pour les Récifs Coralliens exhorte les nations et les groupes multilatéraux de la région des Caraïbes à :

  1. Adopter des stratégies de conservation et de gestion des pêches qui conduisent à la restauration des populations de poissons-perroquets, rétablissant ainsi l’équilibre entre algues et coraux caractéristique des récifs coralliens en bonne santé ;
  2. Maximiser l’effet de ces stratégies de gestion en y associant les ressources nécessaires à la mise en place de programmes de sensibilisation, de surveillance, et de mise en oeuvre, et en examinant des moyens de subsistance alternatifs pour les personnes touchées par les restrictions sur la prise du poisson-perroquet ;
  3. Envisager l’inscription du poisson-perroquet parmi les espèces protégés ;
  4. Engager les communautés autochtones et locales et autres parties prenantes en leur faisant prendre conscience des bénéfices tirés de telles stratégies pour les écosystèmes coralliens, la reconstitution des stocks halieutiques et l’économie locale.

A lire : le résumé du rapport en français http://cmsdata.iucn.org/downloads/resume_executif_caribbean_status_report_fr.pdf