L’activité sismique au large des côtes de Valence était bien liée au projet de stockage sous-marin de gaz

23/06/2014
Plateforme offshore du projet Castor © Lluís Gené - AFP

Nous avions évoqué dans un précédent article le cas du projet « Castor » de stockage sous-marin de gaz au large des côtes de Vinaroz, dans la province de Castellon sur la côte est de l’Espagne, qui avait été brutalement arrêté sur ordre du gouvernement suite à l’enregistrement de très nombreuses secousses sismiques dans la région. Le ministre de l’énergie, M. Soria, avait à l’époque suspendu fin septembre 2013 toute opération d’injection dans l’attente des conclusions d’une expertise commandée à l’Instituto Geologico y Minero de Espana (IGME) et à l’Instituto Geografico Nacional (IGN).

Bien que les deux documents n’aient pas été rendus publics à la date de leur présentation au ministère espagnol de l’énergie en décembre dernier, leurs conclusions ont été révélées par la presse au cours du dernier mois. Le rapport de l’IGN a été transmis aux membres du Congrès des députés, à la demande d’un député du groupe « Gauche Unie » Ricardo Sixto. L’agence Europa Press affirme avoir eu accès au rapport de l’IGME. Dans les deux cas, les experts semblent conclure clairement à un lien direct entre la recrudescence d’activité sismique et l’injection du gaz dans la cavité : Tout indique que la sismicité induite est le résultat de l’activité d’injection de gaz selon le rapport de l’IGN. L’IGME indique pour sa part que l’on peut considérer raisonnablement, et à la lumière des données disponibles, qu’elle est liée aux opérations d’injection… ».

L’Institut Géologique et Minier distingue deux types de sismicité : la première, dite induite, aurait été concomitante à la phase d’injection du « gaz coussin », entre le 2 et le 17 septembre, et le résultat direct de l’action d’injection n’aurait donné lieu qu’à des secousses de magnitude faible. Dans un second temps, des secousses plus importantes, entre 3,5 et 4,2 sur l’échelle de Richter, dont certaines ont été perçues par la population du littoral, serait une sismicité spontanée, qui s’expliquerait par la modification des conditions de pression sur certaines failles environnant le réservoir géologique.

Selon l’IGN, ces dernières secousses ne seraient pas liées à la faille d’Amposta sur laquelle repose le réservoir, comme l’avaient initialement suspecté les experts, mais sur d’une autre faille de dimension plus réduite et non répertoriée jusqu’à présent, ou de leur interaction avec la faille d’Amposta.

Les deux rapports ne se prononcent pas en revanche sur la suite à donner au projet Castor et considèrent que des études plus approfondies sont nécessaires pour pouvoir prédire les conséquences d’une reprise de l’injection de gaz. Le ministre en charge du dossier n’a pas fait de commentaire sur les deux rapports en question, et aucune décision n’a été prise à ce stade sur le redémarrage ou l’arrêt définitif du projet, dans l’attente d’une autre évaluation confiée à des experts internationaux, dont l’identité n’est pas connue.

Mais la dimension technique n’est sans doute pas la seule en question dans la décision qui devra être prise par les autorités. En effet, le décret de concession octroyée en 2008 à l’entreprise Escal UGS prévoit que celle-ci sera compensée à hauteur de l’investissement réalisé au cas où la concession serait retirée. Or le coût du projet depuis son lancement est estimé à 1,7 milliard d’euros, que l’Etat pourrait ainsi avoir à rembourser en totalité en cas de décision d’arrêt définitif ! Le gouvernement avait par la passé demandé l’annulation de cette clause du contrat mais le Tribunal Supremo a rejeté cette demande en octobre dernier. C’est donc le contribuable qui pourrait avoir à régler la facture in fine.

 Source : BE Espagne numéro 138 (18/06/2014) – Ambassade de France en Espagne / ADIT – http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/76180.htm