La marée noire augmente les concentrations en arsenic dans les océans

09/08/2010

Fin avril, la plateforme Deepwater horizon explosait dans le golfe du Mexique, laissant les autorités et les ingénieurs démunis face à un défi technologique sans précédent.

Si l’épanchement d’hydrocarbures est maintenant contrôlé par la mise en place d’un couvercle permettant de capter une partie du déversement sous-marin, cet accident restera sans précédent dans l’histoire américaine. Alors que les auditions se succèdent au Congrès afin d’évaluer la part de responsabilité des différents acteurs, de nombreuses questions sont actuellement soulevées, notamment concernant les répercussions de cette pollution sur l’équilibre des écosystèmes et la santé humaine. Si des effets directs sont déjà observables (liés notamment à la dégradation de la qualité de l’air), des impacts à long terme sont par ailleurs attendus comme en témoigne les récents travaux de recherche de l’ « Imperial College London ».

Selon ces travaux, publiés le 2 juillet dans le journal « Water Research », l’impact de la marée noire sur l’environnement serait double. Le déversement d’hydrocarbures aurait non seulement pour conséquence l’introduction en quantités importantes de polluants dans le milieu marin mais aurait aussi pour conséquence indirecte l’interruption des cycles naturels de différents éléments dont les métaux lourds.

Etudiant le cas de l’arsenic, présent naturellement dans l’environnement sous forme de traces, les chercheurs ont mis en évidence une rupture des processus naturels de piégeage de cet élément par les sédiments océaniques. L’océan joue en effet un rôle régulateur de la concentration marine en arsenic, laquelle découle de l’érosion des roches terrestres pouvant contenir de l’arsenic ainsi que des rejets industriels. Arrivant dans l’océan, l’arsenic réagit avec les sédiments du plancher océanique, lesquels piègent alors une partie de cet élément, permettant ainsi de réguler sa concentration marine. L’épanchement d’hydrocarbures formant une barrière physique entre les sédiments et l’arsenic, la concentration océanique de cet élément trace n’est alors plus contrôlée et peut localement présenter des augmentations significatives.

Etudiant l’interaction de l’arsenic avec la goethite, l’un des minéraux présents dans les sédiments océaniques, les chercheurs ont par ailleurs pour projet de tester leur hypothèse de recherche sur différents minéraux composant le plancher océanique, tels que les argiles ou les carbonates. Ces premiers résultats soulèvent cependant un certain nombre de questions, l’arsenic présentant des degrés de toxicité variés (lesquels dépendent de leurs degrés d’oxydation et de méthylation – 5). En fonction de sa forme et de sa concentration, l’arsenic est alors susceptible d’intégrer la chaine alimentaire. Selon les chercheurs, des concentrations importantes d’arsenic dans les écosystèmes marins pourraient alors entraver les mécanismes de photosynthèse et augmenter le risque de mutations génétiques pour certaines espèces aquatiques. Le pouvoir bio-accumulable des ces ions laisse par ailleurs présager des répercussions à long terme sur la santé humaine, l’arsenic se concentrant le long de la chaine alimentaire.

Source : BE Etats-Unis numéro 215 (9/07/2010) – Ambassade de France aux Etats-Unis / ADIT
http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/64011.htm