« Kexue » ou l’essor de la marine de recherche chinoise

26/12/2011

Selon les déclarations récentes de M. Sun Song, directeur de l’Institut d’Océanologie de l’Académie des Sciences Chinoise (CAS), environ les deux tiers des 15 navires que compte la flotte de recherche et d’exploration marine chinoise seraient proches de l’obsolescence (la plupart ayant été construits dans les années 1980).

La Chine devrait donc construire au moins 10 navires de recherche (voire plus) d’ici les cinq à dix prochaines années afin de renouveler et maintenir l’effectif de sa flotte de recherche, et répondre par la même occasion à la demande croissante des scientifiques chinois pour l’exploration marine, en particulier dans le domaine des environnements marins profonds.

C’est dans cette perspective que le navire de recherche Kexue (ou Science en français) a été construit (conçu par la China State Shipbuilding Corp. et réalisé par Wuchang Shipbuilding Industry Co. Ltd). Son inauguration s’est tenue le 30 novembre dernier sur les eaux du fleuve Yangtsé à Wuhan, ville située dans la province du Hubei. Il s’agit là du navire de recherche le plus avancé jamais construit en Chine, sa conception rivalise avec les navires de recherches occidentaux comme le RRS James Cook (Royaume-Uni) ou le Sars GO (Norvège).

Le projet aura mis 4 ans à aboutir après une approbation en 2007 par la Commission d’Etat pour le Développement et la Réforme (CEDR) et un investissement total de 550 millions de yuans (soit 64 millions d’euro). Le navire devrait être mis en service à partir de juin 2012, sa première expédition partira depuis les marges continentales chinoises pour se diriger ensuite vers l’ouest de l’océan Pacifique. Elle se focalisera sur l’influence de l’océan Pacifique sur le climat chinois, ainsi que sur la biodiversité marine en considérant particulièrement la détection de celle-ci dans les écosystèmes marins profonds.

Sur le plan technique, Kexue présente une envergure de 99,6 mètres de long et 17,8 mètres de large. Il est équipé d’un système de propulsion électrique à nacelle, une première mondiale pour un bateau de recherche, selon les déclarations de M. Yu Jianjun ingénieur en chef du projet. Cet équipement offre au navire une capacité de croisière de 15.000 milles nautiques avec une vitesse maximale de 15 nœuds. Par ailleurs, assisté par des propulseurs d’étrave, le système permet au bateau de réaliser des rotations de 360 degrés tout en gardant une position fixe et de maintenir également sa position dans des conditions de grands vents et d’eaux agitées. Ces caractéristiques sont essentielles notamment pour effectuer des opérations sous-marines.

Du reste, le navire pourra embarquer sans problème des équipages de 80 personnes pour des expéditions allant jusqu’à deux mois, voire également transporter des submersibles habités.
De plus, doté d’un laboratoire de 360 mètres carrés, il permettra de réaliser des analyses d’échantillons d’eau et de sédiments, de même que des études acoustiques et sismiques du plancher océanique.
Le navire sera également capable d’enregistrer automatiquement une image claire du fond marin tout en collectant les données concernant la température, la salinité et la densité de l’eau. Bien qu’exploité par l’Institut d’Océanologie de la CAS, Kexue se veut être une plateforme de recherche commune internationale, celui-ci sera par conséquent mis à disposition des océanologues étrangers impliqués dans des programmes de coopération avec la Chine, ceux-ci pourront donc mener des recherches scientifiques à bord du navire.

© english.qdio.cas.cn

Source : BE Chine numéro 110 (21/12/2011) – Ambassade de France en Chine / ADIT –
http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/68629.htm