Fonds marins : nouvel « El Dorado » ?

18/06/2013

Une grande quantité de métaux et de terres rares est nécessaire pour la fabrication d’équipements industriels et électroniques, et, en particulier, dans le domaine des nouvelles technologies (Smartphones, panneaux photovoltaïques,…). « Jusqu’à présent, ces matières étaient extraites sur les continents, mais face à la demande croissante en matières minérales et grâce à l’augmentation de leur valeur, l’exploitation de nouveaux gisements dont ceux que l’on trouve au fond des mers devient une opportunité très sérieuse », affirme Colin Devey, géologue au GEOMAR, le Centre Helmholtz pour la recherche océanique situé à Kiel (Schleswig-Holstein).

Sur invitation du GEOMAR et du pôle d’excellence « Future Ocean », des chercheurs internationaux accompagnés d’étudiants, d’experts du droit de la mer (ISA, Tribunal international pour la loi sur la mer), de professionnels de l’industrie minière (Nautilus Minerals, Acker Solutions, MTI HollandB.V.), de représentants de collectivités (Autorité des îles Cook,…) et d’organisations non gouvernementales (Fonds mondial pour la nature WWF) se sont réunis à l’occasion d’un colloque intitulé « Seafloor Mineral Ressources », du 18 au 20 mars 2013 à Kiel afin de discuter des questions scientifiques, techniques, écologiques et juridiques entourant l’extraction des minerais dans les océans.

Concernant l’exploitation des eaux internationales, il est très probable que chaque pays développe des projets individuels d’étude et d’extraction des minéraux sur son propre espace économique. Par exemple, les îles Cook, dont l’espace maritime est immense du fait de la dispersion géographique des 15 îles, ont pris les devants face aux quantités de nodules reposant sur leurs fonds marins (10 millions de tonnes), et se sont ainsi dotées d’une autorité des ressources marines profondes. Le rôle de cette autorité a été de développer un cadre légal pour l’exploitation des nodules, disposition qui est devenue effective en mars 2013. Cette démarche semble être avant-gardiste et les îles Cook joueront très certainement un rôle de leadership sur la question des ressources minérales pour les territoires insulaires.

Principaux point ressortis du workshop :
– Les fonds marins sont, d’un point de vue scientifique, encore très peu connus, surtout en termes de biodiversité et d’écologie. Ainsi, il existe une chance sur deux de découvrir de nouvelles espèces. De plus le profil bathymétrique des fonds marins est connu mais pas leur géologie.
– Les fonds marins sont plus riches en matières que communément admis (diversité, quantité et qualité des minéraux). La « crise des ressources » telle qu’actuellement présentée dans les médias biaise l’image réelle des réserves minérales continentales ou océaniques.
– L’extraction des minéraux par de telles profondeurs est un défi de taille en termes d’ingénierie.
– L’exploitation des fonds marins ne devrait pas rentrer en compétition avec les mines à ciel ouvert, mais plutôt apporter un complément et ainsi élargir le nombre de gisements exploitables.
– L’exploitation marine des nodules devrait être favorisée par la quantité (abondance), la qualité (concentrations en métaux) et le prix actuel des métaux.
– Les chercheurs redoutent une pénurie d’experts (géologie/géochimie) dans la décennie à venir et encouragent le développement de nouveaux programmes de formations dans ces domaines.

Illustrations de la variation de densité des nodules à la surface des sédiments. ©Agence allemande des matières premières (DERA)
L’exploitation des ressources minérales devrait ainsi permettre de grandes avancées technologiques et donc de développer la connaissance biologique, géologique, chimique et physique des fonds marins. Une fois certains aspects légaux et techniques éclaircis, l’océan deviendra un important fournisseur de matières premières minérales et énergétiques : les opérations à échelle industrielle devraient débuter dans les cinq prochaines années. Toutefois, les activités minières en profondeur ont des besoins très importants en énergie. La question de l’acheminement se pose de manière particulièrement aiguë, et elle pourrait être le facteur limitant de l’exploitation de certains gisements.

Un rapport détaillé du colloque sera prochainement publié sur http://www.bulletins-electroniques.com.

Source : BE Allemagne numéro 608 (5/04/2013) – Ambassade de France en Allemagne / ADIT – http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/72697.htm

Crédit photo : Clément Guyot, SST Berlin