Fin de la seconde expédition Mir dans le lac Baïkal

24/12/2009

Pour cette seconde campagne d’exploration des profondeurs du Baïkal, 69 des 70 plongées prévues ont été réalisées par les deux sous-marins de poche. La 70e plongée de Mir-1, prévue le 5 septembre pour marquer le second anniversaire d’une autre plongée mémorable (celle des Mir dans l’Arctique), n’a pu avoir lieu, en raison d’un temps détestable. « Nous avons été trahis par les conditions atmosphériques, a résumé le commandant du Mir-1, Evgueni Tcherniaïev, chercheur à l’Institut d’océanologie Chirchov.

« Les premiers résultats ne cessent pas d’impressionner, souligne Evgueni Tcherniaïev. La première chose que nous ayons découverte, ce sont les hydrates de gaz (une solution de gaz de méthane et d’eau, sous forme de glace). Des couches très épaisses d’hydrates de gaz, à l’état solide. Il s’agit de monticules de six mètres de haut. Et il y en a beaucoup. Nous avons également vu du gaz s’en échapper. Nous avons étudié et collecté ce gaz dans des poches spéciales : il s’est transformé sous nos yeux en hydrate de gaz ! Nous avons ensuite observé à quelles profondeurs il se transforme à nouveau en gaz. »

Les chercheurs ont observé le processus de désintégration de la combinaison cristalline formée par un morceau d’hydrate de gaz détaché d’une proéminence au fond de l’océan. Ils ont établi, en le remontant à la surface, les principales phases de la désintégration des hydrates, ce qui est extrêmement important pour évaluer les perspectives de leur utilisation comme source d’énergie. Il s’avère qu’à partir de la cote -400 m, le processus de désintégration s’accélère, et qu’à -100 m la combinaison se désagrège totalement, en produisant une petite « explosion »

Une autre orientation des recherches menées par les scientifiques a été l’étude des canyons sous-marins pour y trouver des concrétions de fer-manganèse. Ces minéraux présentent un grand intérêt pour les géologues. En effet, les fonds océaniques concentrent d’énormes quantités de concrétions de fer-manganèse, considérées comme des sources réellement exploitables de manganèse, leur teneur atteignant parfois les 50%. La forme des concrétions rappelle un peu celle d’une pomme de terre, leur couleur variant, selon que prédomine le fer ou le manganèse.

Pour découvrir des concrétions de fer-manganèse, les sous-marins de poche ont été acheminés jusqu’à un point situé à 14 km de la localité de Grémiatchinsk (Bouriatie). Les chercheurs y ont mis au jour en juillet, par 800 m de fond, des concrétions au-dessus du limon sédimentaire, puis sur les pentes de canyons sous-marins. Ils ont également découvert des concrétions en étudiant sous divers aspects le mont Akademitcheski, situé entre les îles d’Olkhon et d’Ouchkani.

Le mont Akademitcheski formait il y a 8 ou 9 millions d’années la rive septentrionale du Baïkal, a expliqué l’académicien Kouzmine. Le fleuve Bargouzine est venu se jeter dans le Baïkal, si bien que peu à peu le lac a progressé vers le Nord et un autre réservoir s’est formé, le réservoir Nord (Sévernaïa). Les chercheurs ont eu confirmation de cette hypothèse en étudiant les sédiments: ceux-ci sont épais de 8.000 m dans le réservoir Sud, et de 4 à 5.000 m dans le Nord. Les données recueillies au cours de cette campagne permettent ainsi de préciser des pans de l’histoire du Baïkal… et peut-être aussi de celle de la Russie.

En effet, lors d’une de leurs dernières plongées, les sous-marins Mir ont découvert les restes des wagons d’un train qui pourrait être celui qui transportait l’or de Koltchak – autrement dit, une partie des réserves d’or de l’Empire russe. Cet or s’était retrouvé, en 1918, durant la Guerre civile, entre les mains de l’amiral Koltchak et de son armée, avant de disparaître. Il est possible que ce trésor ait sombré dans les profondeurs du Baïkal après le déraillement de plusieurs wagons du train le transportant. Les membres de la prochaine expédition, dont on ignore quand elle aura lieu (en principe, ce ne sera pas l’an prochain, les Mir devant être utilisés dans l’Atlantique) auront à cœur de tirer au clair cette affaire.

Source : BE Russie numéro 26 (21/12/2009) – Ambassade de France en Russie / ADIT –
http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/61710.htm