Des scientifiques lient les éruptions volcaniques qui ont formé l’océan Atlantique nord à d’anciens épisodes de réchauffement climatique

17/07/2007

Une plongée dans les températures des océans préhistoriques a donné aux scientifiques l’occasion de réaliser des études sur l’actuel réchauffement climatique de la planète.
Les scientifiques, qui examinaient un pic dans les températures des océans terrestres il y a 55 millions d’années, période qualifiée d' »urgence planétaire », l’ont associé à une période d’intenses éruptions volcaniques qui ont séparé le Groenland de l’Europe du nord-ouest pour créer l’océan nord-Atlantique.
L’équipe de scientifiques, qui a publié ses résultats dans le journal scientifique « Science », composée de géologues de l’Université de Roskilde au Danemark, l’Université de l’Oregon et Rutgers, l’Université du New-Jersey aux Etats-Unis, a mis en évidence des preuves que l’intense activité volcanique a eu lieu dans la même période où la température des océans a augmenté de 5 à 6 degrés Celsius. Une meilleure compréhension des précédents épisodes de réchauffement climatique permettra aux scientifiques de mieux aborder leurs études en cours sur le climat et les changements de niveaux des océans liés à l’activité humaine créatrice de gaz à effets de serre.
« Cette intense activité volcanique préhistorique a provoqué l’évacuation de plus de 1500 gigatonnes de carbone dans les océans et l’atmosphère, sous la forme de méthane et de dioxyde de carbone, deux gaz à effet de serre potentiels » explique le docteur Michael Storey, de l’Université de Roskilde au Danemark, principal auteur de cette étude.
« Nos résultats soutiennent l’idée que le dégagement des gaz à effet de serre a été le résultat d’une intense activité ignée (produit par le feu) réchauffant de vieux dépôts sédimentaires contenant de grandes quantités de matière organique décomposée. Le réchauffement de ces sédiments riches en carbone aurait libéré du méthane et du dioxyde de carbone dans l’atmosphère. D’autres chercheurs ont montré que les gaz à effet de serre ont été lâchés pendant seulement 10.000 ans et qu’il a fallu plus de 200.000 années avant que les températures ne reviennent à la normale.
Aujourd’hui, les émissions des carburants fossiles contribuent à l’effet de serre à une vitesse qui dépasse de loin la vitesse du phénomène qui s’est produit il y a 55 millions d’années.
« Les scientifiques connaissent depuis longtemps cet épisode de réchauffement global, appelé PETM (Maximum Thermique du Paléocène-Eocène) », explique Carl Swisher, de Rutgers. « Les documents de la marine enregistrent une augmentation soudaine de dioxyde de carbone, connu sous le nom d’excursion des isotopes de carbone, accompagné d’une augmentation de l’acidité des océans et de l’extinction de plusieurs espèces marines. Pour la première fois maintenant, les géologues ont une corrélation précise entre l’augmentation de l’activité volcanique et le pic dans les émissions de gaz à effet de serre. Pour effectuer ces datations, les scientifiques ont utilisé des mesures des quantités d’argon piégées dans les minéraux volcaniques.
Michael Storey est le directeur du laboratoire de Datation Quaternaire Quadlab, localise à l’Université de Roskilde.

Source : BE Danemark numéro 16 (3/07/2007) – Ambassade de France au Danemark / ADIT –
http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/43478.htm