Des flotteurs pour étudier le réchauffement de l’Océan

22/11/2019
Flotteur Arvor © Ifremer/Olivier Dugornay

Grâce aux flotteurs Argo Deep-Arvor développés par les équipes de l’Agence nationale de la recherche, l’Ifremer et le CNRS, les chercheurs récupèrent des mesures de température, de salinité et d’oxygène jusqu’à 4 000 mètres de profondeur. Objectif : établir plus finement le bilan thermique de l’Océan car une partie de la chaleur reçue par l’Océan demeure indétectée à ce jour…

Ainsi, en 50 ans, l’Océan – en absorbant plus de 90 % de l’excès de chaleur reçu par la Terre dû aux activités humaines – s’est réchauffé d’environ 0,8°C entre 0 et 2 000 m de profondeur.

Jusque-là, les données au-delà des 2 000 mètres étaient parcellaires, mais la nouvelle génération de flotteurs Deep-Arvor va permettre d’y remédier.

Ces flotteurs sont, en effet, paramétrés pour plonger jusqu’à 3 000 mètres de profondeur, y rester 10 jours, puis descendre à 4 000 mètres avant de remonter à la surface pour transmettre par satellite les données enregistrées.

À ce jour, sur les 4 000 flotteurs qui parcourent l’océan, seuls 96 plongent au-delà de 2 000 mètres. Parmi eux, 21 sillonnent les eaux profondes de l’Atlantique Nord, de l’Atlantique équatorial et de l’océan Austral.En 2020, 16 nouveaux flotteurs Deep-Arvor seront mis à l’eau dans l’Atlantique  nord.

L’ambition du réseau international Argo est de maintenir en opération 1 200 flotteurs profonds dans l’Océan d’ici 5 ans.

Ce réseau dense de flotteurs profonds nous aidera à comprendre comment se répartit le signal climatique dans 100 % du volume de l’océan global, contre 50 % avec les flotteurs plongeant à 2 000 mètres, explique Virginie Thierry (Laboratoire Océan Hauturier et Interactions d’échelles océaniques d’Ifremer).

Avant tout déploiement, les flotteurs Deep-Arvor sont testés dans le bassin d’essai de l’Ifremer. © Ifremer / O. DUGORNAY

Avant tout déploiement, les flotteurs Deep-Arvor sont testés dans le bassin d’essai de l’Ifremer. © Ifremer / O. DUGORNAY

Les flotteurs Argo Deep-Arvor sont également équipés de capteurs mesurant la concentration d’oxygène dissous dans l’eau. De cette donnée, les scientifiques déduisent l’âge relatif d’une masse d’eau : plus elle est jeune et a donc eu un contact récent avec l’atmosphère, plus sa concentration en oxygène est élevée ; à l’inverse, plus elle est vieille, plus sa concentration en oxygène est faible.

Grâce à ces mesures d’oxygène, nous avons observé comment une masse d’eau jeune récemment formée au voisinage de l’Islande et circulant à 2 750 m dans un chenal profond, se mélangeait avec une masse d’eau plus ancienne sous l’action des courants de surface particulièrement énergétiques à cet endroit, explique Virginie Thierry. En outre, aucun des flotteurs n’a suivi la trajectoire à laquelle on s’attendait au vu des courants dominants. L’un d’entre eux a même mis en évidence l’existence d’une nouvelle route profonde qui n’avait jamais été observée directement.

De telles informations sont cruciales pour améliorer les modèles de projections climatiques.

Répartition par pays des 3 867 flotteurs dans le monde (Septembre 2019) © Argo

Répartition par pays des 3 867 flotteurs dans le monde (Septembre 2019) © Argo

Cette étude établie par les scientifiques du Laboratoire d’océanographie physique et spatiale (LOPS – Université de Bretagne Occidentale/CNRS/IRD/Ifremer) est publiée (en anglais) dans Journal of Geophysical Research.