Des explosifs pour déterminer l’origine du bassin danois

26/12/2006

Une équipe de chercheurs danois, dirigée par le professeur Hans Thybo, professeur de géophysique à l’Université de Copenhague, a fait exploser 500 kg de charges placées sur le fond océanique danois début octobre afin de collecter des données sur le passé volcanique du bassin du Danemark.
Le bassin danois est un bassin sédimentaire de presque 10 km de profondeur, c’est-à-dire une dépression dans la terre, remplie de sédiments et de roches volcaniques. Ce bassin a un grand intérêt économique car il pourrait contenir des ressources significatives en hydrocarbures. Les ressources recensées ont été trouvées dans les couches qui ont été déposées durant les derniers 250 millions d’années.
« Nos études précédentes ont montré l’existence de strates sédimentaires plus vieilles, d’une épaisseur totale de 5 à 15 kilomètres, qui pourraient également contenir des hydrocarbures. Malgré les explorations intensives pour les hydrocarbures menées ces dernières 40 années, l’origine de ces bassins sédimentaire n’a pas encore été comprise » raconte Hans Thybo.
Le projet ESTRID (Explosion Seismic Transects around a Rift In Denmark) vise à déterminer la taille et la forme de l’énorme batholithe magmatique présumé dans la croûte cristalline au-dessous du bassin danois. Un batholithe est un corps rocheux formé durant le refroidissement du magma (c’est-à-dire des roches fondues des niveaux plus profonds). Son existence a été prédite grâce à des données de gravitation. La vitesse sismique du batholithe est plus grande que pour les roches environnantes, ce qui rend facile l’identification de ce matériel.
« Nous avons conduit des études sismiques le long de trois lignes de profil et au travers du batholithe. Les résultats montrent que son volume est d’au moins de 50.000 à 100.000 kilomètres cubiques. Notre hypothèse est que le réchauffement de la lithosphère causée par l’intrusion de magma fondu a élevé la surface de la terre (de la même manière que ce qu’il se produit actuellement en Ethiopie). L’érosion des 5 millions d’années qui ont suivi a nivelé la surface au niveau de la mer. Le refroidissement du batholithe suivant a mené à la contraction des roches et de ce fait à l’affaissement de la surface de la terre. Nous avons estimé qu’un tel affaissement peut mener à la formation d’un bassin sédimentaire profond de 5-10 kilomètres » explique Hans Thybo.
Les prochains travaux de recherches incluront des modélisations numériques des détails du processus d’affaissement. Les résultats anticipés peuvent être d’importance pour l’identification de futures recherches d’hydrocarbures dans les strates plus vieilles de 250 millions d’années.
« La principale raison pour laquelle nous avons mené cette recherche a été la curiosité à propos de l’origine d’une remarquable anomalie dans les champs de gravité dans le , par ailleurs, plat bassin danois. Cette anomalie montre qu’il doit y avoir une roche de haute densité présente dans la sous-surface, ou alors un relief majeur dans le sous-sol. L’objectif principal est de fournir une explication valable des mécanismes qui ont créé le bassin sédimentaire dans la croûte terrestre. De plus c’est un challenge de fournir à l’industrie du pétrole des informations utiles sur le développement du bassin. »

Source : BE Danemark n°14 du 14/12/2006 (ADIT)
http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/40454.htm