Comment l’excès de pêche sélective dégrade l’écosystème marin

13/05/2005

Une étude, dirigée par le chercheur espagnol Jordi Bascompte de la station biologique de Donana du CSIC ((Consejo Superior de Investigaciones Cientificas)et à laquelle ont participé Carlos J. Melian, scientifique appartenant à la même institution, et Enric Sala, océanographe de l’Université de Californie de San Diego, démontre comment l’excès de pêche sélective peut dégrader tout un écosystème marin.
Cette étude, publiée dans la revue « Proceedings of the Nacional Academy of Sciences » (PNAS), explique plus particulièrement comment la pêche abusive des requins dans les Caraïbes a provoqué la diminution des récifs coralliens.
Au cours de leur recherche, les scientifiques ont observé un ample échantillon de l’écosystème aquatique des Caraïbes. Ils ont délimité une aire d’étude couvrant une surface de 1.000 mètres carrés dans des eaux de 100 mètres de profondeur et ont analysé les liens existant entre les prédateurs et leurs proies pour environ 250 espèces de poissons, d’oiseaux, de crabes et de planctons. Selon les explications de Jordi Bascompte, les communautés écologiques peuvent être décrites suivant une chaîne trophique définissant « qui mange qui ». L’une des données les plus importantes pour comprendre la stabilité entre ces groupes et donc l’équilibre d’un écosystème est le niveau de prédation, c’est-à-dire la force d’interaction qu’exerce un prédateur sur ses proies. En analysant ce paramètre, les chercheurs ont ainsi déterminé de quelle manière des systèmes, aussi complexes que les récifs coralliens des Caraïbes, ont été dégradés a la suite d’une perturbation affectant localement une espèce marine.
Leurs conclusions révèlent que la pêche des requins a favorisé l’augmentation des populations de poissons dont ils se nourrissaient. Cet événement a, à son tour, entraîné la diminution des spécimens herbivores, principales nourritures des groupes cités précédemment. Les algues, moins consommées, se sont ensuite abondamment développées. Dominé jusqu’alors par les coraux, éléments essentiels à la vie dans les milieux tropicaux, l’écosystème a peu
a peu évolué vers un environnement plus pauvre régi par quelques espèces d’algues.
La mise en évidence de ce processus de dégradation dans les Caraïbes pourrait apporter des informations supplémentaires concernant des changements observés dans d’autres milieux aquatiques.

Source : BE Espagne numéro 40 du 06/05/2005 (ADIT
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