Alerte du GIEC : il faut agir pour l’Océan

26/09/2019
Océan © Bailey Mahon on Unsplash

Le Rapport spécial du GIEC tire une nouvelle fois la sonnette d’alarme : il faut de toute urgence prendre des mesures fortes pour faire face aux changements sans précédent que subissent l’Océan et les régions gelées de notre planète.

La haute mer, l’Arctique, l’Antarctique et la haute montagne peuvent sembler lointains à bien des gens a déclaré Hoesung Lee, président du GIEC. Or nous dépendons d’eux et sommes marqués, directement ou indirectement, par leur influence de bien des façons – dans les domaines du temps et du climat, de l’alimentation et de l’eau, de l’énergie, du commerce, des transports, des loisirs et du tourisme, de la santé et du bien-être, de la culture et de l’identité.

Selon le rapport, le réchauffement et l’acidification de l’Océan perturbent déjà les espèces à tous les niveaux du réseau alimentaire océanique : du phytoplancton aux mammifères marins.

Quelques données issues du rapport GIEC Océan 2019

Jusqu’à présent, l’Océan a absorbé plus de 90 % de la chaleur excédentaire du système climatique.

D’ici à 2100, il absorbera 2 à 4 fois plus de chaleur que pendant la période allant de 1970 à l’heure actuelle si le réchauffement planétaire est limité à 2 °C, et jusqu’à 5 à 7 fois plus, si les émissions sont plus élevées.

Ce réchauffement réduit le brassage entre les différentes couches d’eau et diminue l’approvisionnement en oxygène et en nutriments nécessaires à la faune et à la flore marines.

Des espèces marines menacées par le réchauffement et l'acidification de l'Océan © Qing Lin /UPY2017

Des espèces marines menacées par le réchauffement et l’acidification de l’Océan © Qing Lin /UPY2017

La fréquence des vagues de chaleur marines a d’ailleurs doublé depuis 1982 et leur intensité augmente.

Elles seront 20 fois plus fréquentes si le réchauffement est de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels et 50 fois plus fréquentes si les émissions continuent d’augmenter fortement.

L’océan a absorbé 20 à 30 % des émissions de dioxyde de carbone depuis les années 1980, ce qui a entraîné son acidification. S’il continue d’absorber du carbone jusqu’en 2100, il deviendra toujours plus acide.

Le réchauffement et l’acidification des océans, la diminution de l’oxygène et les variations de l’approvisionnement en nutriments ont déjà des répercussions sur la répartition et l’abondance de la faune et de la flore marines dans les zones côtières, en haute mer et dans les profondeurs océaniques.

Les changements dans la répartition des populations de poissons ont réduit le potentiel de capture global pour les pêcheurs.

Filets de pêche © johnnyberg-http://www.sxc.hu/

À l’avenir, ce potentiel diminuera encore dans certaines régions, en particulier les océans tropicaux, mais augmentera dans d’autres, telles que l’Arctique.

La santé nutritionnelle et la sécurité alimentaire des communautés qui dépendent fortement des produits de la mer peuvent s’en trouver menacées.

Dans le monde entier, la cryosphère et les océans subissent « les ardeurs » du changement climatique depuis des décennies, ce qui a des conséquences radicales et profondes sur la nature et l’humanité a déclaré Ko Barrett, vice -présidente du GIEC. Depuis les villes côtières jusqu’aux communautés isolées de l’Arctique, les changements rapides que connaissent l’Océan et les régions gelées de notre planète forcent des populations à modifier radicalement leur mode de vie.

Les glaciers et les calottes glaciaires des régions polaires et montagneuses perdent de la masse, ce qui contribue à l’accélération de l’élévation du niveau de la mer, ainsi qu’à l’expansion de l’océan qui se réchauffe.

Selon le rapport, alors que le niveau de la mer a augmenté d’environ 15 cm à l’échelle mondiale au cours du 20e siècle, cette hausse est actuellement plus de 2 fois plus rapide – 3,6 mm par an – et continue de s’accélérer.

La montée du niveau de l'Océan © GIEC adapt. La Cité de la Mer

La montée du niveau de l’Océan © GIEC adapt. La Cité de la Mer

Le niveau de la mer continuera d’augmenter pendant des siècles. Cette hausse pourrait atteindre 30 à 60 cm environ d’ici 2100 et ce, même si les émissions de gaz à effet de serre sont fortement réduites et si le réchauffement planétaire est limité à une valeur bien en dessous de 2 °C, mais environ 60 à 110 cm si ces émissions continuent d’augmenter fortement.

Au cours des dernières décennies, l’élévation du niveau de la mer s’est accélérée en raison de l’augmentation des apports d’eau provenant des calottes glaciaires du Groenland et de l’Antarctique, ainsi que de la contribution des eaux de fonte des glaciers et de l’expansion des eaux marines qui se réchauffent a indiqué Valérie Masson-Delmotte, co-présidente du Groupe de travail I du GIEC.

L’élévation du niveau de la mer exposera certaines régions à des risques croissants d’inondations tandis que certaines îles pourraient devenir inhabitables.

Simulation des zones touchées par la montée des eaux dans le Cotentin (+1,5°C ou +4°C) © https://choices.climatecentral.org/

Simulation des zones touchées par la montée des eaux dans le Cotentin (+1,5°C ou +4°C) © https://choices.climatecentral.org/

Des événements extrêmes (cyclones, …) qui se produisaient précédemment une fois par siècle se produiront chaque année d’ici 2050 dans de nombreuses régions, augmentant les risques auxquels sont confrontées de nombreuses villes côtières et petites îles de faible élévation.

D'ici 2100 les phénomènes extrêmes seront plus fréquents © Image parJ Lloa de Pixabay

D’ici 2100 les phénomènes extrêmes seront plus fréquents © Image parJ Lloa de Pixabay

Selon le rapport, il serait possible de préserver l’Océan et la cryosphère :

  • en réduisant fortement les émissions de gaz à effet de serre,
  • en protégeant les écosystèmes et en les remettant en état,
  • en gérant soigneusement l’utilisation des ressources naturelles marines.

Plus nous agirons rapidement et de manière décisive, plus nous serons en mesure de faire face aux changements inévitables, de gérer les risques, d’améliorer nos vies et d’assurer la durabilité des écosystèmes et des populations du monde entier – aujourd’hui comme demain a déclaré Debra Roberts, co-présidente du Groupe de travail II du GIEC.