Acquisition de nouvelles données dans l’océan Austral grâce aux éléphants de mer

09/09/2008

On ignore presque tout des eaux situées sous les glaces de l’océan Antarctique en raison de la difficulté d’obtenir des données in situ. La couverture glacière ne permet pas les observations des eaux sous-jacentes par télédétection, empêche les balises Argos ordinaires de remonter à la surface pour la transmission des données, et rend l’accès des navires océanographiques difficile ou impossible selon la saison.

Les observations satellites ont permis de mesurer certaines caractéristiques de la surface de la glace elle-même, mais les données relatives à des paramètres climatiques cruciaux tels que l’épaisseur de la glace et son taux de formation sont insuffisantes.

Une équipe internationale composée de chercheurs français, australiens (Université de Tasmanie, CSIRO, l’Université Charles Darwin), britanniques, américains, allemands et norvégiens ont eu recours à une méthode originale pour pallier ce manque de données. Au cours de missions effectuées en 2004-2005 sur quatre îles subantarctiques, 58 éléphants de mer (Mirounga leonina) ont été équipés de capteurs océanographiques qui ont retransmis en temps réel des mesures de température, conductivité (salinité) et leur position.

Les données acquises ont permis pour la première fois de cartographier de façon précise et détaillée la position des fronts océaniques majeurs de l’océan Austral au sud du 60e parallèle Sud pendant l’hiver (composantes du Courant Circumpolaire Antarctique). La vitesse de formation de la glace de la banquise calculée à partir des changements de salinité culmine au début de l’hiver (avril-mai) et diminue de 2 à 3 fois entre mai et août.

Un total de 16 500 profils verticaux a été obtenu, dont 8 200 au sud du 60e parallèle Sud et 4 520 au niveau de la banquise, soit respectivement 9 fois et 30 fois plus de données par rapport à celles obtenues par les méthodes classiques. Les éléphants de mer ont plongé plusieurs fois par jour à plus de 500 m de profondeur en moyenne, et jusqu’à une profondeur maximale de presque 2 000 m. (Crédit photo : API/IPEV)

Source : BE Australie numéro 59 (8/09/2008) – Ambassade de France en Australie / ADIT –
http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/55869.htm