À la recherche de nouveaux antibiotiques au fond de l’océan Atlantique

04/09/2014
A la recherche de nouveaux antibiotiques au fond de l'océan Atlantique

Des scientifiques irlandais de l’University College de Cork ont fouillé l’océan Atlantique à la recherche de nouveaux antibiotiques dans le cadre du projet international PharmaSea.

La nature avait quelque peu été oubliée par l’industrie pharmaceutique mais l’alerte lancée en avril dernier par l’Organisation Mondiale de la Santé alarmant sur les risques liés à l’augmentation de la pharmacorésistance a suscité en Europe et dans le monde entier une véritable impulsion pour chercher dans les ressources naturelles de potentiels antibiotiques.

En effet, ces vingt dernières années, un seul nouveau type d’antibiotiques a été mis au point : il devenait donc nécessaire de découvrir des molécules complètement nouvelles en cherchant des bactéries dans des endroits jusqu’alors peu, voire pas du tout, exploités, explique Alan Dobson, professeur au Département de microbiologie et directeur de l’Environmental Research Institute (Institut de Recherche Environnemental) à l’University College de Cork et membre du comité exécutif du projet PharmaSea.

Ce projet de collaboration internationale réunit 24 partenaires venant d’horizons aussi variés que le monde universitaire, les industries et les organisations à but non lucratif.

Les pays partenaires sont l’Allemagne, la Belgique, le Danemark, l’Espagne, l’Irlande, l’Italie, la Norvège, le Royaume-Uni ainsi que l’Afrique du Sud, le Chili, la Chine, le Costa-Rica et la Nouvelle-Zélande. L’Université d’Aberdeen (Ecosse) et l’Université Catholique de Louvain (Belgique) coordonnent PharmaSea.

Pour collecter les bactéries vivant à près de trois kilomètres de profondeur, des éponges ont été plongées dans l’océan Atlantique à l’aide d’un véhicule télécommandé. Près de 30% de la masse de ces éponges mouillées était constituée de bactéries que les scientifiques ont testées à la recherche de nouveaux types de composés biochimiques.

Ces éponges, grâce à la réunion de conditions particulières (fort taux de sel, forte pression et très peu de lumière) recèlent en effet de potentiels trésors qui pourraient donner de nouveaux médicaments.

Une fois ramenées à l’University College de Cork, les bactéries ont été extraites des éponges et testées pour leur action antimicrobienne, notamment pour voir si elles pouvaient tuer des maladies comme E. Coli ou le SARM (Staphylococcus aureus résistant à la méticilline), pour en identifier le composé naturel responsable et en définir la structure chimique.

Les deux composés étudiés par les scientifiques à UCC étaient actifs contre des bactéries porteuses de maladies.

Des études plus poussées montreront l’étendue de leur potentiel, potentiel qui pourrait permettre aux sociétés pharmaceutiques de les utiliser dans leurs produits.

Les scientifiques de PharmaSea prévoient ensuite de visiter la fosse d’Acatama au large du Chili d’ici la fin de l’année pour récolter des spécimens à 8 000 mètres de profondeur.

Là-bas, les organismes marins vivent sous d’extrêmes conditions et sont susceptibles d’avoir des composés très différents de leurs cousins terrestres.

Les extraits de ces échantillons seront ensuite envoyés à UCC et étudiés pour y déceler des molécules aux propriétés pharmacologiques intéressantes.

Origine : BE Irlande numéro 52 (29/08/2014) – Ambassade de France en Irlande / ADIT –http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/76615.htm