200ème plongée pour le robot sous-marin Quest

10/03/2008

Le robot sous-marin Quest du Centre de sciences de l’environnement marin de Brême (MARUM) va accomplir dans la semaine du 10 au 16 mars 2008 sa 200ème plongée, à partir du navire de recherche Sonne.

En 2003, le MARUM (union du Cluster d’excellence « L’océan dans le système Terre » et du Centre de recherche sur les marges océaniques) a été le premier institut de recherche à se doter d’un robot sous-marin téléopéré pouvant explorer les grands fonds. Grâce à Quest, qui peut plonger jusqu’à 4 000 m de profondeur, les chercheurs de Brême ont atteint en 3 ans un niveau de pointe international dans le domaine hautement technique de la recherche abyssale.

En 5 ans d’activité, 18 expéditions soit 200 plongées, Quest a rapporté d’innombrables prélèvements, mesures et photos, ainsi que 1 800 heures de vidéos fascinantes, qui sont depuis un an en résolution HD (haute définition). Au-delà de ses prouesses techniques, le Quest a permis aux chercheurs des découvertes scientifiques passionnantes dans les profondeurs obscures : les étranges volcans à asphalte du Golfe du Mexique, la vie fourmillante des sources froides au Pakistan, les colonies colorées de coraux d’eaux froides en Méditerranée… Le Quest a aussi permis de mesurer avec un thermomètre spécifique la plus haute température sous-marine jamais relevée, 407°C.

« Le Quest a dépassé nos attentes les plus osées », explique le Dr. Volker Ratmeyer, chef du projet. « Notre succès prouve qu’avec le Quest nous avons misé sur le bon système : robuste, performant, et maniable par une petite équipe », confirme fièrement le Professeur Gerold Wefer, Directeur du MARUM. Seuls sept ou huit robots de ce type sont utilisés par la recherche marine dans le monde entier, car leur maniement nécessite un savoir-faire et un engagement important. Les exigences techniques vis-à-vis du matériel et de l’équipe sont énormes. En effet, la place sur les navires est limitée. De plus, l’énergie, les commandes et les données doivent franchir plusieurs kilomètres entre l’appareil et le navire. Enfin, la pression et la salinité sont des défis permanents pour les ingénieurs.

Même au sein du petit groupe des sous-marins de haute profondeur, le Quest fait figure de leader. Avec 60 Kilowatt, la puissance électrique dont il dispose est presque le double de celle des systèmes comparables. « Un élément important, dès lors qu’il s’agit de procéder à des mesures, d’effectuer des prélèvements, et d’apporter -au sens propre du terme- de la lumière dans l’obscurité des grands fonds », précise Ratmeyer. De même, la quantité de données qui peuvent être transmises par les câbles en fibres de verre est plus élevée que pour les autres systèmes. « Nous sommes le seul institut à pouvoir réaliser des vidéos haute définition », se félicite Ratmeyer. La qualité des images, avec des effets 3D, sans lunettes ou projection, est enthousiasmante. Au-delà de la beauté et de la fascination, c’est surtout la qualité des images qui importe pour les scientifiques. En 2007, ils ont ainsi pu observer directement au Pakistan comment du liquide sort du sol marin, un pas très important dans la compréhension de la circulation de matière sur le sol marin. Ce type de phénomène ne se repère sinon que lorsque s’y mèlent des bulles de gaz.

Le MARUM souhaite aller encore plus loin. Un nouveau logiciel de l’IFREMER facilite la planification des plongées et rend possible l’échange avec d’autres appareils sous-marins. Ainsi, lorsque l’un des appareils localise un lieu intéressant, les autres appareils pourraient s’y rendre directement. Ce système innovant devrait devenir un standard européen. Par ailleurs, l’un des bras du robot a été changé l’année dernière, au profit d’un bras équipé d’une caméra dans sa « main », qui permet des prélèvements et une manipulation d’outils plus précis et plus aisés.
L’ancien bras n’a pas été mis au rebus, mais sert aujourd’hui au MARUM pour la formation de pilotes supplémentaires. En effet, si 10 à 15 membres de l’équipe sont en mesure de piloter le robot, seuls 6 à 8 sont capables d’actionner son bras. Dans la mesure où le Quest ne sert pas seulement au MARUM, mais est aussi volontiers utilisé par d’autres instituts de recherche marine, il est nécessaire de former davantage de collaborateurs. « La charge de travail du Quest est si élevée, qu’une fois effectués les expéditions et le transport depuis et vers le bateau il reste peu de temps pour la maintenance et l’entraînement des scientifiques » explique Ratmeyer. Actuellement, le planning de l’appareil affiche déjà complet pour les deux ans à venir, avec 6 nouvelles expéditions prévues.

Source : BE Allemagne numéro 375 (5/03/2008) – Ambassade de France en Allemagne / ADIT –
http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/53393.htm